HealthVault, le DMP de Microsoft
10/10/2007
Alors que Google perd le principal artisan, Adam Bosworth, de sa solution de Dossier Médical Personnel en ligne, Microsoft vient de rendre publique sa version bêta la semaine passée. Nom de code : HealthVault.
Microsoft est le premier à se positionner sur le terrain des dossiers médicaux sur Internet. En effet Google, Cisco ou encore Intel accumulent les retards dans leurs projets respectifs (voir l’article du New York Times).
Healthvault permet au particulier de conserver ses données médicales en ligne. Elles sont partageables et modifiables à souhait. Les articles de news.fr et du Monde.fr donnent plus d’informations sur ses fonctionnalités. Le dossier peut être alimenté de plusieurs façons. L’utilisateur peut renseigner lui-même ses données. Il peut également télécharger le logiciel HealthVault pour automatiser la mise à jour. En effet, HealthVault est également un logiciel (HealthVault Connection Center) que l’on peut obtenir depuis le site de Microsoft et qui permet de transmettre des informations à son compte en ligne. Ces informations sont directement issues des appareils biomédicaux auxquels le logiciel peut se connecter. La liste des appareils connectables est encore mince, mais elle ne demande qu’à grandir. Enfin, Microsoft s’est associé sur ce projet à des associations de professionnels de santé mais également à des établissements de santé. Ainsi, Microsoft se propose d’accompagner les établissements de santé dans le déploiement d’une plateforme médicale interne, communicant naturellement avec le dossier du patient Healthvault. En ce sens, la stratégie de Microsoft se démarque des solutions alternatives. En équipant à la source les fournisseurs d’information, Microsoft sécurise et facilite l’alimentation du dossier patient puisqu’elle est faite directement entre deux systèmes Microsoft.
En ayant une vision prospective, Microsoft peut donc bousculer deux marchés : celui du stockage des données en ligne dans lequel l’état investit par le biais du DMP, sans résultats tangibles pour l’instant. Microsoft peut également perturber les fournisseurs de solution de dossier patient informatisé. Même si ce dernier marché semble bien occupé par les fournisseurs classiques (Agfa, Siemens, Cerner, McKesson, Medasys, etc.) la capacité de Microsoft à imposer un produit ou une infrastructure n’est pas à négliger. La fourniture d’un framework facilitant la construction de solutions par de nouveaux acteurs ou par les établissements eux-mêmes peut jeter le trouble dans un paysage bien établi. D’autant que les solutions actuellement proposées évoluent difficilement et que ces fournisseurs ont beaucoup de mal à s’inscrire dans des architectures plus agiles de type SOA.
Malgré tout, le projet vient juste de voir le jour. Actuellement, il n’est pas accessible en dehors des États-Unis et il manque beaucoup d’informations tant fonctionnelles que techniques (même si l’on peut supposer que Microsoft s’appuiera sur sa nouvelle version de BizTalk). Qu’en est-il par exemple de l’utilisation de standards (HL7, IHE vs formats Microsoft) ? Même si l’équipe de Microsoft est mobilisé depuis deux ans sur le sujet, l’adoption de ce type de solution prendra beaucoup de temps. Comme le souligne le Wall Street Journal, seulement 6% de la population utilise une solution informatisée pour stocker ses données médicales (le reste utilisant une solution papier). Le concept d’hébergement des données de santé chez un tiers ne pourra aboutir que par une volonté conjointe d’industriels et des politiques. Et la France est bien placée pour en mesurer les problèmes. Ainsi on peut légitiment se poser la question quant à la possibilité de déployer ce type de solution (HealthVault ou autre) dans l’hexagone.